30 sept. 2019
Verbier par grands vents
Dur lever du corps ce matin, les nuits sont courtes pour profiter des journées sur deux roues et ce matin, le train ne m’attendra pas. Je dois être sur le train de 8h37 pour mon transfert vers Verbier. Le suivant est une heure plus tard. Je pourrais bien sûr me lever plus tard et quitter plus tard, mais j’ai 3hrs de train pour faire le lien avec Verbier à partir de Zermatt, et je veux profiter de la belle journée qui s’annonce pour rouler aujourd’hui.
J’ai deux transferts à faire, l’un à Visp, et l’autre à Martigny. J’ai au mieux 8 minutes entre les changements de trains. Donc, encore à la course. Entre Sierre et Martigny, la voie ferrée traverse différents vignobles. En 2012, j’ai fait toute la vallée du Rhône en vélo de route à travers ces vignes. Magnifique.
Entre Martigny et Le Châble, dernière station de train pour rejoindre Verbier, encore une fois le train traverse des vignobles, dont les plus hauts de Suisse en altitude.
J’arrive donc à Le Châble (821m) à 11h17 pile. Ben vient me chercher à la gare, qui est toute neuve. En effet, en 2018, lorsque j’y suis venu, la gare était en construction. Elle est maintenant en sous-terrain et beaucoup plus grande qu’avant. Ben est l’un des guides avec qui j’ai roulé en 2018. Cette année, je retourne au même hôtel, mais je roulerais sans guide, en toute liberté avec des tracés que j’improviserai au fur et à mesure.
À ma grande surprise, les télécabines et téléphériques ne sont plus en fonction. Je suis malheureusement tombé en basse saison, c’est à dire, comme à Zermatt pour les restaurants de montagne, ici les remontées sont hors fonction depuis mi-septembre, et ce jusqu'à l’ouverture de la saison de ski. Oups, petit détail.
J’arrive donc à l’hôtel, je me change en vitesse, et Ben m’attend pour faire l’ajustement complet de mon vélo de location. Très bon service. À l’inverse de Zermatt où l’on m’a donné un vélo en état moyen et un cadenas, ici Ben s’assure qu’il est ajusté à ma grandeur, et que les suspensions sont ajustées à mon utilisation cross-country, et non descente.
Puisque la télécabine pour monter à Verbier (1521m) est fermé, Ben m’offre de me donner un transport dans sa Lamborghini, mais puisqu’il a oublié d’installer son support à vélo, ce sera difficile. Il m’offre de me tenir sur son aileron sur 9km jusqu’en haut. Hélas non, il me donnera un transport dans sa Audi A6 Avant et le vélo entrera dans son grand coffre. Il me dépose au seule télécabine d’ouvert, celui qui relie Verbier à Les Ruinettes qui est le départ des pistes de descentes du bike park pour vélo de montagne, encore ouvert jusqu’à ce weekend. Il me laisse et retourne chez lui dans Verbier-Village, soit le vieux Verbier.
Puisque je n’ai pas lunché encore, je m’installe à table dans un petit restaurant bistro devant la station de télécabine. Je n’ai pas de cadenas pour le vélo, donc je m’installer dehors et un habitué de la place vient stationner sa Lambo juste devant moi. Bon ce n’est pas une Ferrari, mais avec son échappement modifié Akrapovic, ça attire l’attention, même à l’arrêt.
À 13h30, je monte aux Ruinettes à 2200m. Il en coûtera 38CHF pour les deux seules remontées de la journée. Arrivé aux Ruinettes, direction le col Croix de Coeur. Je pensais rouler à Verbier avec les couleurs, mais en fait, les couleurs sont au sol avec les petits arbustes à feuilles. Les feuillus dans la vallée ne sont pas encore en couleurs.
Pour les habitués à mes blogues, oui, il s’agit des mêmes endroits photographiés, le massif du Mont Blanc, tout comme le Matterhorn à Zermatt, n’ont pas beaucoup bougé depuis l’an dernier, à la différence que ce sont les couleurs d’automne qui s’installent en altitude.
Je file donc directement à l’enseigne Verbier au col de Croix de Coeur.
Je monte plus haut sur un sentier de randonneurs qui croise une nouvelle piste de descente vers La Tzoumaz. Je me lance dans une section, mais tout ce que je descends, je dois le remonter à force de mollets puisqu’il n’y a pas de remontées ouvertes du côté de la Tzoumaz. Je ferai qu’une quinzaine de virages. Après, puisqu’il est interdit de remonter en sens inverse, je remonte à travers la verdure jusqu'à Croix de Coeur pour demeurer du côté de Verbier.
Je me dirige vers La Marlène à 2219m pour m’improviser une descente vers Verbier par champs et sentiers de randonneurs. À chaque arrêt photos, j’évalue quels sentiers prendre et je me lance toujours prudemment. Inutile de rappeler que je roule en solo et que s’il y a urgence ou accident en montagne, que ce soit à Zermatt ou à Verbier, c’est l’hélicoptère qui se déplace. C’est beaucoup plus rapide et les ambulances n'ont naturellement pas accès à tout le territoire. Donc le mot d’ordre durant tous mes séjours en Suisse est prudence, mais en gardant en tête de rouler pour le plaisir.
L’an dernier à pareil endroit, le tunnel était dans le noir. Vive l’éclairage aux DEL. Plus lumineux et moins énergivore. En sortant du tunnel, ça monte encore avant de prendre la direction vers le bas. La descente se fera en montagne Suisse (lire Russe). Ça descend, ça remonte, et ça redescend...
Une fois sur Verbier, je reprends une seconde fois la seule remontée fonctionnelle entre Verbier et Les Ruinettes à 2200m. Maintenant, pour me mettre en jambe, pas pour monter mais pour absorber tous les obstacles du terrain accidenté, j’opte pour un sentier de descente pour bifurquer sur un sentier de randonneurs qui mène au hameau de Clambin. Il n’y aura pas d’arrêt photo puisque je ne suis pas le seul utilisateur des sentiers de descentes.
Après, j’emprunte un chemin forestier qui descend jusqu’à Sarreyer. Pause pour les mains. Les freins surchauffent et il faudra faire un changement de plaquettes une fois à l’hôtel. De ce point, je peux emprunter la route qui est pavée, ou bien un sentier de randonneurs qui descend sur une pente très raide à mi-chemin. Le sentier est plus technique et moins long en distance, avec tout de même un dénivelé négatif de quelques 500m. J’y suis déjà passé deux fois en 2018, donc je connais les difficultés de ce sentier qui semble anodin. Go pour le sentier. Je croise d’autres utilisateurs, mais ceux-ci ne pensent qu’à manger.
Retour à l’hôtel, et tout le monde se rassemble autour de la table pour le souper servi à 20h00. Il y a un groupe de douze hollandais et un seul canadien. Cette première journée a été très belle, toutefois, très froide et très venteuse. L’automne s’installe.
27 sept. 2019
Le sentier des muletiers
La pluie de la nuit s’est prolongée jusqu’à midi. Je décide tout de même d’enfourcher mon vélo et partir de l’hôtel. Il est passé 12h30. Arrêt encore au bike shop pour un ajustement et à la boulangerie pour un sandwich. Les joies de louer un vélo de montagne est qu’ils sont malheureusement mal traités et moins bien entretenus. À 90CHF par jour, c’est cher payer, mais puisque mon vélo ne pouvait pas faire le voyage, je n’avais pas d’autres choix. Bien sûr, j’aurais payé moins cher en louant un vélo qu’avec la suspension avant, mais avec les sentiers ici, il faut un double suspension avec un minimum de 150mm de débattement.
Il pleut sur Zermatt et dans les hauteurs. Vers le nord, le ciel se dégage, alors pourquoi ne pas faire le sentier des muletiers qui va justement vers le nord. Le sentier des muletiers est l’ancienne route d’alpage pour joindre Zermatt à partir de Visp. Aujourd’hui, il n’y a que les randonneurs et vététistes qui l’utilisent.
Je tourne un peu en rond afin de trouver le début du sentier. Les sentiers sont formidablement bien drainés ici, même avec la pluie, aucune trace d’eau. Il y a de rares trous de bouette, autrement c’est mieux que l’asphalte. Le sentier sera fait en descente vers Visp. C’est une descente de 36km sur 1000m de dénivelé négatif. Il y aura quand même 250m à monter avec une pente de plus de 65 degrés à un endroit, c’est plus de 170%. En quittant Zermatt, il faut monter un peu pour mieux redescendre dans la vallée.
Depuis que j’ai quitté Zermatt, il y a un hélicoptère qui fait l’aller-retour en moins de 7 minutes entre une cimenterie et l’un des sommets. Le plein de ciment se fait en quelques secondes et il disparait à nouveau dans les nuages.
Le sentier est partagé entre randonneurs et vététistes. Lorsque la pente est trop pentue pour descendre, le sentier se sépare en deux, randonneurs d’un côté, et vététistes de l’autre. L’avantage à vélo, c’est que c’est aménagé pour la descente.
Ça fait déjà quatre fois que je monte à Zermatt en train et j’ai toujours vue cette croix sur un très gros rocher. Eh bien en passant à côté à vélo, je suis allé voir. Il s’agit d’une chapelle creusée à même le rocher. Une chose est sure, le toit de la Fuxstein Kapelle est solide comme du roc.
Je poursuis la descente. Chemin faisant, je croise un aigle, des chèvres, des vaches, des ânes, des chevaux miniatures, tous en train de manger. Ben moi aussi, je vais m’arrêter à mi-chemin pour manger non pas du foin, mais mon sandwich.
Je poursuis ma descente tantôt sur le sentier des muletiers, tantôt sur un sentier de randonneurs, et à St. Niklaus, dans le village.
À Kalpetran, une indication dirige vers la gauche. Il faut que je monte une pente de plus de 65 degrés. Ce sera en poussant sur le vélo. Impossible de demeurer en selle. De plus avec des cales sous les souliers, la roche est glissante. 110 mètres plus haut, de retour sur le sentier des muletiers à flanc de montagne. À certains endroits, il faut regarder bien en avant, pas autour, parce qu’une seule erreur et c’est la chute plus de 200 mètres plus bas.
Rendu à Stalden-Saas, le sentier laisse sa place à la route. Il reste probablement une section en sentier, toutefois Visp est à quelques 5km. Au lieu de rouler sur la route jusqu’à Visp, je prends donc le train à Stalden-Saas pour remonter à Zermatt 36km plus haut. Il en coutera 30,50CHF.
Une fois de retour à Zermatt un peu après 16h00, douche et je profite enfin du beau temps pour faire le tour du village à pied (ça prend moins de 20 minutes). Je croise Judit et sa collègue dehors devant la boutique. Elle me demande si je vais repartir avec la Ferrari GT. Hélas non. Je préfère revenir plusieurs autres fois en Suisse à la place. Alors revenez nous voir l’an prochain. Bien sûr.
Avec toute la ouate qui masquait le sommet du Matterhorn, dame nature a finalement recouvert de neige toute la face Est du rocher.
Pour le souper, je demeure au Spycher. Il y a toujours la Hausgemachte Zermatter Heusuppe (soupe au foin de Zermatt), meuuuh je n’essaie pas. Je vais plutôt prendre un bon filet mignon avec rösti et petits légumes, vino rosso, un dessert sucré au chocolat bien sûr, et finalement une facture salée portée à ma chambre comme à l’habitude.
Ah oui, avant d’aller souper, je descends au sous-sol faire une brassée. Kajia m’accompagne pour m’ouvrir la porte. J’opte normalement pour le cycle complet qui dure 1h40 avec l’essorage complet. Ça me coûte 5CHF à chaque fois. Cette fois-ci, Katja programme le demi-cycle. Elle voulait probablement m’offrir le lavage gratos. Je lui donne quand même 5CHF. Après souper, je récupère ma lessive. Le demi-cycle s’est complété mais l’essorage n’a comme pas fonctionné. Mon linge trempe dans l’eau savonneuse. Je le sors tout mouillé. Avec l’humidité dans l’air, il ne séchera naturellement pas pour demain matin.